Qui êtes-vous ?

Parce que je me suis trompée d'époque, que j'aurais dû être noire et vivre à New York dans les 60... Parce que j'aurais dû être une chanteuse à la voix cassée et au passé douloureux qui a acquis la célébrité après de nombreux tumultes... Parce que j'aurais dû devenir une légende et qu'on raconte mon histoire... Plus simplement...parce que j'aime parler de la musique, la jouer, la chanter, la danser, l'écrire, la découvrir, la ressentir et la vivre. Bienvenue à vous et merci de me lire.

jeudi 2 février 2012

Fuir


Partir, courir. J'ai envie de fuir.
Lancer Arthur H à fond dans mes écouteurs et plier bagages.
Marcher sans se retourner. Tourner une page.
Arthur hache les mots, murmure des phrases, chante des notes et je fais naufrage.
Sa voix profonde me guide dans les tranchées d'un monde en guerre,
Où j'ai passé trop de temps à chercher comment me taire.
Je voudrais galoper sur un Cheval de Feu, trouver un radeau,
Faire le voyage avec Ulysse hypnotisé par Calypso.
Ce que je cherche, c'est ma liberté.
Siroter des mojitos sur une plage ensoleillée.
Ne plus avoir de souci ou de choix difficile à faire.
Ne plus se poser de questions, se laisser emporter par la mer.
Arthur sussure "Give me up", je voudrais aussi me laisser dériver.
Il dit que Le Paradis, il est chinois, je n'ai pas que ça à penser.
Un jour, il faudrait  que j'ai le courage de claquer la porte,
Cesser de m'épuiser, me faire passer pour morte.
Ne reste que sa musique, libre, animée par l'insouciance.
Elle chante, danse, ivre de sa différence.
Des tourbillons de mélodies, des dunes de tendre poésie,
Qui vrille, déstabilise ou émoustille.
Je cherche encore La Beauté de l'Amour,
Arthur me dit "Dis moi tout" et je me révèle sans détour.
J'aime cet univers animé par un seul idéal.
Je voudrais en finir avec tout ce qui me fait mal.
Je ne veux plus dépendre de gens que je méprise.
Par pitié, libérez-moi de cette emprise !
Je veux me débarrasser des carcans qui m'oppressent.
Arthur, peux-tu m'apporter cette ivresse ?
Je voudrais peindre ma vie, mon destin doit prendre corps,
Comme un Basquiat illuminé qui aurait des pinceaux d'or.
Je veux retrouver mon libre-arbitre.
Cesser l'hypocrisie, casser enfin la vitre.
Pouvoir enfin être moi-même,
Vagabonder, être bohème.
Ne vois-tu pas que je me meurs dans cet univers cloisonné ?
Où tout doit être rangé, coordonné sous peine d'être jugé ?
Tes quatorze albums suffiront-ils à m'apaiser ?
Tu parles d'amour, d'étincelles et d'évasion.
Comment fais-tu pour avoir cette vision ?
L'Arc-en-Ciel apparaît en transparence.
Un Rayon de Soleil calme un peu ma démence
Mais dans L'ivresse des Hauteurs, je ne veux plus avoir affaire à personne.
Je veux être comme toi, une Baba Love qui frissonne,
Au son de ta voix, de tes voyelles, de tes consonnes.


Arthur H. Baba Love. 2011.
En concert au Casino de Paris le 14 mars 2012.

vendredi 30 septembre 2011

Le flibustier tranquille

Avez-vous déjà connu des périodes de sérénité absolue? Cette sorte de passage délicieux où tout va bien, où tout roule, où les projets s'imbriquent parfaitement, où vous avez la sensation d'être sur la bonne voie, d'avoir fait les bons choix, d'avoir pris le bon chemin. Ces moments où la mer est calme et où vous fendez les vagues nonchalantes, imperturbable.
Et bien, je crois qu'en ce moment, j'en traverse un. Et comme on écoute toujours de la musique selon notre humeur, moi j'écoute Captain Kid. Mais est-ce plutôt la musique qui influence notre humeur? Vaste débat...

Captain Kid, c'est Sébastien Sigault, un mec qui a eu de la chance. Mais je préfère l'appeler Captain Kid. Parce qu'il a vraiment l'air d'un enfant heureux d'être monter à bord du bateau du succès. Sans vraiment l'avoir chercher d'ailleurs. Je l'ai rencontré à la Loge la semaine dernière, lors d'un concert intimiste où il a interprété les chansons de son futur album.

Vous avez sûrement déjà entendu sans le savoir son plus gros succès, We & I, musique de la pub de la Caisse d'Epargne. Ce morceau "c'est une belle histoire, me confie t-il, qui parle de ma rencontre avec ma femme et qui évoque la difficulté de sortir avec un musicien un peu narcissique, un peu égocentrique".
"Mais dis moi, l'aventure avec la Caisse d'Epargne, ça a commencé comment?" Que je lui demande. Il me dit que c'est tout bête, qu'il a un ami qui bosse dans l'agence de pub qui a réalisé la campagne, qu'il planchait depuis un moment sur le choix de la musique sans trouver satisfaction. Et puis il a eu l'idée de faire écouter ce morceau et ça a plu instantanément.


Finalement, c'est aussi simple que ça, la vie. C'est ce que je me dis en ce moment d'ailleurs. Quelquefois, souvent, on a tendance à compliquer les choses et puis un jour, on lâche prise, et tout devient possible. Captain Kid a l'air d'avoir adopté cette philosophie depuis toujours. Et il revendique cette simplicité. Il me dit après son concert qu'il adore être sur scène, qu'il aime ça plus que tout. Et ce qu'il retient finalement de sa prestation de ce soir, c'est la simplicité de la formation qui l'a accompagné : une guitare, un piano et un yukulele. Parce que "la structure des morceaux se prête bien à ça. Elle marche bien plus arrangée mais aussi avec une ossature plus simple, plus directe". Et ses mélodies folk, douces et mélancoliques me vont droit au cœur.

Là où ça m'a un peu foutu les jetons, c'est qu'on a bien failli ne jamais les entendre, ses mélodies. Parce que Captain Kid, à la base, il voulait devenir Stanley Kubrick. Rien que ça. A Paris, il a fait des études de cinéma puis de philo. Et la musique dans tout ça? Il en avait fait au lycée pour faire comme les copains. "Pour les filles quoi". Puis il l'a mise un peu de côté. Mais il n'a jamais cessé de chanter. Sa voix, qu'il module avec aisance, se marie à merveille avec les notes idylliques du yukelele. "Non, le yukulele, c'était pas pour faire comme Julien Doré", précise t-il. Il a découvert l'instrument à la Cité Universitaire à Paris, en écoutant un groupe de musiciens brésiliens. "Je n'avais jamais vu cet instrument ou vraiment très peu. Je ne savais pas l'identifier en tous cas. Et j'ai vraiment adoré la sonorité, l'originalité du grain. J'ai couru m'en acheter un et depuis, j'écris les trois quart de mes morceaux pour le yukulele". Idée originale en tous cas qui apaise les oreilles et propulse immédiatement aux abords d'un lagon turquoise d'où émane, mêlée à la brise marine, une légère odeur de fleurs de tiaré.




Et puis il y a une autre raison qui fait que je l'aime bien, Captain Kid. Il suit son cœur. Il ne fait pas les choses parce qu'il faudrait ou parce qu'il devrait. Il est libre. Libre de voguer où bon lui semble, sans jamais dériver. Un gentil pirate en pantalon de velours et nœud pap' qui siffle des airs de Bob Dylan. Malgré les quotas imposés par les radios, il chante en anglais, parce que, techniquement, ça colle plus à son timbre de voix, à sa façon de chanter, que c'est plus musical. Il me dit qu'il a fait des essais en français, moins concluant. Mais qu'il n'est pas fermé à cette idée pour autant. Néanmoins, l'anglais lui vient plus naturellement quand il chante alors il ne se pose pas la question. Il ne calcule pas.

Pour en revenir à Bob Dylan, c'est une de ses chansons qui lui a inspiré son nom de scène. Il ne se rappelle plus du titre en question mais il se souvient que Bob Dylan y évoquait ses rêves, qu'il parlait d'un Captain Kid et que ce qui l'avait marqué, c'était ce mariage entre autorité et insouciance. "En fait, je me suis rendu compte en ayant le texte sous les yeux qu'il parle d'un personnage historique, Captain Kidd avec deux D. Qui était un mercenaire de la reine qui a trahi la couronne, qui s'est retrouvé pendu, qui a volé des trésors…". On s'égare un peu là non? Ben non en fait. Captain Kid veut rester un enfant et continuer de rêver.

Quand il parle d'amour dans ses chansons, ce n'est pas dégoulinant de bons sentiments. C'est plutôt un amour piquant. L'amour vache en quelque sorte. Sur le futur album, qu'il est en train d'enregistrer,  il me confirme qu'il y aura 13 morceaux. Sans superstition aucune. Il les a tous composé lui-même sauf un, Nolita, "qui a été composé par Jérôme Pichon ici présent. Jérôme Pichon, qui est également un très bon auteur compositeur et qui a aussi un projet solo". Il est cool Captain Kid. Il aime ses amis et ils le lui rendent bien. Il me parle de Greg aussi, le batteur, et de Julien qui était au piano ce soir et "qui a réalisé et arrangé quasiment l'intégralité du disque".



Pas de titre arrêté pour le moment pour le futur album mais un mot latin pour le premier opus Impedimenta, sortie en 2008 et entièrement auto-produit,  qui désigne ce qui empêche l'activité, le mouvement. Oui, arrêtons de courir et prenons le temps de savourer chaque moment en écoutant avec attention chacune de ces mélodies simples et évidentes, en se laissant imprégner de la magie de cet entre-deux.
Pas de dates arrêtées non plus pour une éventuelle tournée. C'est en train de se mettre en place. Chaque chose en son temps. Captain Kid est un "petit-à-petiste" qui sait apprécier chaque étape. D'ailleurs, ce soir, il sera dans Taratata. Alors du coup, c'est champagne!

En marchant jusqu'au métro, je repense à ma vie et je me dis que j'aimerais qu'elle ressemble pour toujours à ce moment, que j'aimerais garder longtemps cette savoureuse tranquilité. Car, on le sait tous, il suffit qu'un léger vent se lève pour que tout bascule dans la tempête et le brouillard. D'un autre côté, saurions-nous vraiment apprécier ces périodes de répit si la vie n'était pas, en règle générale, un tel bazar ? Pour moi, quand il chante, Captain Kid semble arrêter le temps. Les murs de la salle de concert disparaissent, les silhouettes autour de nous s'évanouissent. Ne restent que lui et son yukulele qui bercent tranquillement les minutes de mon existence. Comme dirait Bob Dylan "Le passé n'existe pas puisqu'il est passé. Le futur n'est pas encore là. En conséquence, il n'y a que le présent, puisqu'on y est". Alors merci à toi, Captain Kid, d'avoir si bien su saisir la fragilité de l'instant.

Captain Kid. Impedimenta. 2008.
Diffusion Taratata : 30/09/2011
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lundi 12 septembre 2011

Un rêve éveillé

On dirait presque que le crissement des roues ressemble aux éclats des vagues qui s'éclatent sur les rochers. Ou que les alarmes des portes qui se ferment ne sont que le bruit de fond de la circulation lorsqu'on se trouve en bord de Seine dans un Paris illuminé. On dirait presque que l'accordéon désaccordé des musiciens qui font la manche se fond dans l'ingénieux assemblage des multiples instruments qui composent chaque morceau.
Une fois que l'on appuie sur Play, il suffit de fermer les yeux et c'est parti pour un merveilleux voyage.
Ce nom sent le narguilé à la pomme et les pâtisseries orientales. Ce nom donne envie de partir pour des contrées lointaines et ne plus jamais revenir. Ce groupe de musique folk américain est renversant, mélange de musique tzigane et de chanson française. Formé par Zach Condon, chanteur lyrique à la voix grave et envoûtante, génie multi-instrumentiste, il invente des albums bouleversants.

On dirait presque qu'ils ont utilisé tous les instruments qu'ils ont pu trouvé. On dirait qu'ils ont composé chaque chanson de cet album avec toute leur âme et tout leur cœur, tant chaque petite mélodie vous touche au plus profond de vous-même et vous éblouit.  Zach Condon, un artiste tourmenté, son accordéon au bras, vous hypnotise et vous enferme pour toujours dans un monde de sons beaux et délicats.
Ces sept albums sont une source de bonheur inépuisable. Une déclaration d'amour. Planant. Il n'y a pas un seul morceau à jeter. Ses mélodies mystérieuses brisent les parois d'acier du wagon et transportent bien au-delà des murs taggés et des affiches publicitaires.


On dirait un film d'époque romantique dans les Balkans. On dirait des robes de dentelles qui virevoltent. On dirait la fête d'un village à la campagne. La lumière blafarde devient mille loupiotes de couleurs accrochées dans les arbres un soir d'été. Ukulélé, accordéon, trompette, saxophone, mandoline…C'est un joyeux bazar qui se mêle au brouhaha ambiant. Mi-festifs, mi-mélancoliques, ces albums sont des ovnis qui flottent dans l'espace musical. Moi non plus, je ne suis plus de ce monde. Oubliez-moi…

Secousse brutale. J'ouvre les yeux. Je dois m'en aller.

Je suis dans le métro parisien, je dois reprendre mon quotidien et j'écoute Beirut.




Gulag Orkestar (2006)
The Lon Gisland EP (2006)
Pompeii EP (2007)
Elephant Gun EP (2007)
The Flying Club Cup (2007)
March of the Zapotec/Holland (2009)
The Rip Tide (2011)
Je me permets de citer une amie qui a trouvé les mots justes en publiant ce statut : "C'est bon, on a compris pour Amy. Toujours la meme chose avec Facebook.. Rip.. Et puis surtout ne rien changer de son comportement après. La drogue, ça tue, l'addiction aussi, c'est ça qu'il faut retenir et combattre, pour elle."

jeudi 30 juin 2011

La dernière page du livre

Et voilà. Le concert tant attendu est déjà terminé. C'était dimanche soir à l'Olympia. Moi, la fan de toujours de Michael Jackson allait voir en live pour la première fois, sa petite sœur, Janet, le lendemain du deuxième anniversaire de sa mort.
Je suis fébrile quand j'arrive aux abords de la salle mythique. Les fans sont déjà massés devant depuis des heures et l'ambiance électrique me rappelle l'hystérie collective qui entourait chacun des déplacements du King of Pop. Le fait de voir "Jackson" inscrit en gros sur la devanture de l'Olympia me serre le cœur. Ah la famille Jackson…Une grande saga pour laquelle je me passionne depuis toujours.


Je suis fan de Michael Jackson depuis trop longtemps pour me rappeler quand, comment ou pourquoi. Je me souviens juste que c'est en écoutant l'album Bad que j'ai eu ce coup de foudre musical dont je ne me suis jamais remise. Ado, j'ai parcouru des kilomètres pour assister à ses concerts, traîner en bas des hôtels pour avoir la chance de l'apercevoir. En 1999, je suis en vacances à Paris et, par un pur hasard, je passe devant le Plazza Athénée. Un quart d'heure plus tard, je parviens à lui serrer la main en tendant le bras à travers la foule. Un souvenir inoubliable.
Il y a deux ans, Michael est mort et c'est une page de ma vie qui s'est fermée pour toujours. Une partie de mon enfance, de mon adolescence et des rêves encore très vivants dans mon esprit.
A quel moment cette méga star américaine qui n'a jamais eu connaissance de mon existence, a t-elle joué un rôle clé dans ma vie ? Certainement pendant les moments où, adolescente, je me sentais seule. J'avais l'impression que personne ne me comprenait, je me révoltais contre ce monde injuste dans lequel on vivait. Peut-être aussi la perte brutale et cruelle d'un ami proche lorsque j'étais très jeune qui m'a donné envie de rester protégée dans cet univers magique et serein qu'est l'enfance. Michael m'a offert une sorte de Neverland.

Je retrouve des amis devant l'Olympia. Il y a des fans de Michael, de Janet ou des deux.
On va boire un verre en attendant le début du spectacle. J'ai la sensation que c'est Michael que je vais voir en concert et je me sens nostalgique. Nostalgique d'une époque où je me suis amusée comme jamais, où j'ai chanté, dansé et espéré. Une époque si remplie de joie et d'émotions, aujourd'hui révolue à tout jamais.
Je sais que la benjamine du clan va rendre hommage à son frère dont elle était très proche et déjà, les larmes me montent aux yeux.
Delphine, LA fan de Janet, arrive. Elle était devant l'hôtel de la chanteuse et lorsqu'elle nous retrouve, elle est émue et heureuse. Je l'envie car je ne connaîtrai plus jamais ça.

L'heure du concert approche, nous entrons dans la salle. On a pu avoir des places incroyables. Un ami me dit qu'il y a Laurent Hopman assis dans le balcon d'en face. Laurent Hopman, c'était le rédacteur en chef du magazine officiel des fans de Michael Jackson, le Black & White. Quand j'étais jeune et que je vivais en Côte d'Ivoire, je me précipitais pour l'acheter car peu d'exemplaires étaient importés et il coûtait cher. Arrivée à Paris, je m'étais débrouillée pour le rencontrer, prétextant une interview pour un travail d'école. J'avais pu passer une bonne heure avec lui et son associé Julien Derain dans leurs locaux de Captain Eo Productions. J'entrais, émerveillée, dans cette caverne d'Ali Baba où les disques d'or et les couvertures géantes du Black & White s'alignaient sur les murs, et où statues et objets consacrés à Michael jonchaient les étagères et le sol de cette pièce immense. J'ai passé un moment merveilleux avec eux. J'ai pu poser toutes les questions que je voulais. J'avais l'impression de me rapprocher un peu plus de mon idole.
Un peu plus tard, Laurent Hopman a lancé le magazine Oops et publié des photos scandaleuses de celui qui l'avait aidé à lancer sa carrière. Fin de la belle aventure.

Soudain, on entend la foule crier. C'est Jermaine Jackson, numéro 4 de la fratrie, qui arrive accompagné de son épouse. Il prend place à quelques mètres de nous. Certains l'acclament, d'autres le huent. Il est vrai que depuis la mort de son frère, ses affaires se portent mieux que jamais…


En attendant Janet, un DJ tente laborieusement de nous faire patienter. Sur le rideau fermé, le titre de la tournée "#1's" brille dans un faisceau lumineux. Puis la salle est plongée dans le noir et les cris du public deviennent assourdissants. Janet apparaît au milieu de ses musiciens et danseurs, tout de blanc vêtue. Je suis scotchée de la voir de si près. Pendant 1h30, elle nous a servi un spectacle parfaitement huilé. Une heure trente pendant laquelle elle a chanté et dansé, enchaînant ses tubes non-stop. Elle a 45 ans et, même si tout n'est pas d'origine, elle est magnifique.
Je connais tous ses titres par cœur et malgré le temps qui passe, je n'ai pas oublié une seule note ni un seul mot. Souvent, elle vient de notre côté, nous mime des cœurs avec ses mains.
L'hommage rendu à son frère était discret. Tout d'abord Scream. Le visage de Michael est  soudainement apparu à l'écran, relançant de plus belle les hurlements des fans. Puis à la fin, Together Again, tristement approprié. Quelques photos d'eux, enfants, sur l'écran géant. C'est tout. Elle n'a pas dit un mot sur le sujet. Elle a simplement envoyé un baiser vers le ciel.



 Tout à coup, même si je passais un excellent moment, j'ai ressenti un grand vide. J'ai compris qu'aucune musique, ni aucun artiste ne me fera plus jamais autant vibrer que Michael Jackson. Il n'y aura plus jamais de nouvel album, plus jamais de gigantesques concerts, plus jamais sa main qui s'agite par la fenêtre de sa chambre d'hôtel, plus de clips, plus rien de tout ce qui avait enchanté les années de ma jeunesse.
La mélancolie qui m'envahit habituellement tous les dimanches soirs est plus forte ce soir-là. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi, mais plutôt de me perdre un instant dans les rues pour garder encore un peu ce mélange d'euphorie et de tristesse.
Certains ne comprendront peut-être pas pourquoi on peut être "fan" d'un artiste ou pleurer sa mort. A tous ceux-là, je tiens à dire : prenez un peu le temps de rêver.


mardi 21 juin 2011

La Fête des Boules Quiès 2011

Par un 21 juin pluvieux, dans un Paris gris et moite, alors qu'une grève impromptue paralyse les plus grands axes de la ville, se prépare l'annuelle Fête de la Musique.

Ah, Paris et ses aléas…Si tu es parisien, tu as déjà fait l'expérience de ce genre de soirée.

Le nouvel an glacial où tu manques de finir en barquette Findus parce que tu as été obligé de marcher 3 heures dans la neige pour rentrer chez toi.
Le 14 juillet où tu as failli mourir écrasé par la foule en voulant apercevoir une bribe du défilé, ou lorsque tu as chopé un torticoli en voulant voir une ombre du feu d'artifice.
La Saint-Valentin où tu termines dans un resto sur-bondé à manger un menu infecte pour 150 euros par tête et que tes voisins de table (qui se font chier) sont collés à la tienne et écoutent ta conversation.
Et bien sûr, la fameuse Fête de la Musique où, après avoir fait quelques bars nases en compagnie de tes potes bourrés, tu t'es bousillé les tympans parce que tu étais trop près des enceintes, tu as simplement décidé que les prochaines années, tu resteras chez toi en priant pour que certains zikos mal intentionnés n'aient pas décidé de venir brailler sous ta fenêtre jusqu'à l'aube…

Malgré tout, ce soir, il y a quand même des trucs sympas dans Paris. Et pour ceux que la distance et la pluie n'effraient pas, voici en lien, le programme complet des concerts de ce soir.

Bonne Fête de la Musique à tous !

http://new.fr.music.yahoo.com/blogs/l_arene_des_concerts/3304/fte-de-la-musique-2011-des-bons-plans-partout-en-france/

vendredi 10 juin 2011

Les bouffons de cour

Parmi toutes les atrocités de ce monde, beaucoup de choses honteusement futiles m'agacent. Une mémé qui me passe devant aux caisses du Franprix. Une rivière d'enfants qui envahie le métro. Un accordéoniste qui m'empêche d'écouter mon artiste préféré en m'infligeant une regrettable reprise d'Edith Piaf. Un escalator en panne, les banques fermées entre midi et deux, et j'en passe…
Mais il y a une chose qui me révolte par-dessus tout et que je ne m'explique pas. C'est, qu'aujourd'hui, tout le monde se croit capable de faire de la musique.

Je développe.

Dimanche dernier, lovée dans les bras de mon cher et tendre à regarder d'un œil endormi le dégueuli du week-end proposé par les chaînes de télévision, je sursaute soudain en voyant Shauna Sand, star-fuckeuse de profession, parler de son nouveau single.
Souvenez-vous…Shauna Sand, playmate blonde peroxidée, ex-femme de Lorenzo Lama, dit le Rebelle (et j'avoue, fantasme de mon adolescence), accessoirement ex-femme de Romain, une tête-de-nœud qui avait participé à Secret Story, et qui s'est fait connaître en ayant l'idée ô combien originale de balancer sa sex-tape sur le net. Cette même Shauna Sand est, impunément et sous nos yeux, en train d'enregistrer une chanson d'un sous-style techno-dance au titre éloquent qui, d'ici peu, va envahir les clubs et les ondes, et sur laquelle elle pourra se trémousser en agitant ses mamelles siliconées, sous le regard libidineux des veaux qui la materont. Si vous voulez vous rincez l'œil, cliquez donc sur le lien ci-dessous…




Juste après avoir assister impuissante à ce massacre auditif, je vois apparaître à l'écran notre star-fuckeuse à nous, Loana, bouffie et suintante, accompagnée de son nouveau petit ami, un sosie d'Elvis d'une ringardise absolue, bouffi également, dans un studio d'enregistrement en train de fredonner telle Carla Bruni dans les alvéoles d'un micro suspendu. Et là, interview de son producteur (dont je ne me rappelle plus le nom et c'est aussi bien) qui y va de ses comparaisons avec Jane Birkin et consors. Pour le corps de sylphide, on repassera.
Et là, je pose la question : comment en est-on arrivé là ?
Bon sang, que s'est-il passé pour que la musique, qui est un des arts les plus difficiles à pratiquer, devienne tout à coup une sorte de faire-valoir dont n'importe quel abruti ou bimbo au rabais peut se servir pour accéder à la notoriété et éventuellement se remplir les poches ?

Oui, comment en est-on arrivé là?
Est-ce la faute des maisons de disque? A un moment donné, les majors ont arrêté d'investir dans le développement d'un artiste et se sont dit qu'ils feraient sûrement plus de fric en produisant des one-shots. Moins d'investissement, plus de gains. Avec la crise du disque, ça arrangeait tout le monde, sauf nos oreilles. Merci à eux pour toute la daubasse qu'on a entendu et qu'on continuera à entendre. D'autant que ça n'a pas sauvé le marché, bien au contraire.

Est-ce la faute de la télé-réalité? Du jour au lendemain, d'illustres inconnus se sont retrouvés adulés par les foules. Le concept Star Academy, malgré la formation accélérée et soutenue que recevait les candidats, n'a prouvé qu'une seule chose, c'est que le talent ne s'apprend pas.

Est-ce la faute du public? De la société de consommation? De Sarkozy ? Des Américains? Du progrès ? De Ben Laden? De Dieu? Je m'insurge, je me révolte, je refuse qu'on appelle ces gens des artistes. Je refuse qu'on massacre un art ou qu'on le dénature, qu'on le sacrifie à la seule botte du profit, de la célébrité éphémère, de l'égocentrisme puéril pour mettre en avant et ériger en modèle des personnalités vides et grotesques.
Là, je parle de musique. Mais c'est pareil pour la littérature ou le cinéma. Avez-vous sincèrement envie de lire les mémoires d'Amélie de Secret Story 4? Tout le monde se croit capable d'écrire et tout le monde pense sa vie plus intéressante que celle des autres, son mal-être plus important, son passé plus lourd etc…Pour ma part, au risque de passer pour une personne tyrannique et despotique, je pense simplement qu'il y a des choses qui devraient être interdites d'accès à certaines personnes. Quand on ne sait pas chanter, on ne chante pas. Point. C'est un peu comme si quelqu'un qui n'était pas dentiste voulait vous arracher une dent…



Je vais essayer d'aborder le sujet Christophe Maé sans m'énerver. Ce mec cartonne, c'est un fait et je n'y peux rien. Mais comment arrive t-il à toucher autant de monde avec sa voix nasillarde, ses gimmicks atroces, son Franglais dégueulasse et ses mélodies creuses? Souvent, quand je l'entends à la radio, je me dis que je préfèrerais être sourde. Le public a t-il vraiment des goûts de chiotte ou a t-il été perverti par le système? J'en arrive à me dire, pour me consoler, qu'à force d'écouter de la sous-qualité, on finit par s'y habituer, voire même à l'apprécier. Un peu comme les cordons bleus de la marque Dia ou les yaourts Lidl.  Moi, je n'ai rien contre ce mec. J'aimerais juste qu'il la ferme.

Ceci dit, je suis parfaitement consciente que le simple fait de cracher mon venin ne changera pas la face du monde. Alors puisque c'est parfaitement inutile, comme tout le reste, pourquoi s'en priver…
Après tout, la musique est un art dont l'un des buts principaux est de divertir. Depuis toujours, clowns et bouffons se succèdent pour amuser, en chantant, en dansant, en poétisant.
Alors, je dois tout de même reconnaître un certain talent à tous ces gens : ils ont le mérite de nous faire rire. Certes, à leurs dépens. Mais ce n'est pas rien.