Qui êtes-vous ?

Parce que je me suis trompée d'époque, que j'aurais dû être noire et vivre à New York dans les 60... Parce que j'aurais dû être une chanteuse à la voix cassée et au passé douloureux qui a acquis la célébrité après de nombreux tumultes... Parce que j'aurais dû devenir une légende et qu'on raconte mon histoire... Plus simplement...parce que j'aime parler de la musique, la jouer, la chanter, la danser, l'écrire, la découvrir, la ressentir et la vivre. Bienvenue à vous et merci de me lire.

vendredi 30 septembre 2011

Le flibustier tranquille

Avez-vous déjà connu des périodes de sérénité absolue? Cette sorte de passage délicieux où tout va bien, où tout roule, où les projets s'imbriquent parfaitement, où vous avez la sensation d'être sur la bonne voie, d'avoir fait les bons choix, d'avoir pris le bon chemin. Ces moments où la mer est calme et où vous fendez les vagues nonchalantes, imperturbable.
Et bien, je crois qu'en ce moment, j'en traverse un. Et comme on écoute toujours de la musique selon notre humeur, moi j'écoute Captain Kid. Mais est-ce plutôt la musique qui influence notre humeur? Vaste débat...

Captain Kid, c'est Sébastien Sigault, un mec qui a eu de la chance. Mais je préfère l'appeler Captain Kid. Parce qu'il a vraiment l'air d'un enfant heureux d'être monter à bord du bateau du succès. Sans vraiment l'avoir chercher d'ailleurs. Je l'ai rencontré à la Loge la semaine dernière, lors d'un concert intimiste où il a interprété les chansons de son futur album.

Vous avez sûrement déjà entendu sans le savoir son plus gros succès, We & I, musique de la pub de la Caisse d'Epargne. Ce morceau "c'est une belle histoire, me confie t-il, qui parle de ma rencontre avec ma femme et qui évoque la difficulté de sortir avec un musicien un peu narcissique, un peu égocentrique".
"Mais dis moi, l'aventure avec la Caisse d'Epargne, ça a commencé comment?" Que je lui demande. Il me dit que c'est tout bête, qu'il a un ami qui bosse dans l'agence de pub qui a réalisé la campagne, qu'il planchait depuis un moment sur le choix de la musique sans trouver satisfaction. Et puis il a eu l'idée de faire écouter ce morceau et ça a plu instantanément.


Finalement, c'est aussi simple que ça, la vie. C'est ce que je me dis en ce moment d'ailleurs. Quelquefois, souvent, on a tendance à compliquer les choses et puis un jour, on lâche prise, et tout devient possible. Captain Kid a l'air d'avoir adopté cette philosophie depuis toujours. Et il revendique cette simplicité. Il me dit après son concert qu'il adore être sur scène, qu'il aime ça plus que tout. Et ce qu'il retient finalement de sa prestation de ce soir, c'est la simplicité de la formation qui l'a accompagné : une guitare, un piano et un yukulele. Parce que "la structure des morceaux se prête bien à ça. Elle marche bien plus arrangée mais aussi avec une ossature plus simple, plus directe". Et ses mélodies folk, douces et mélancoliques me vont droit au cœur.

Là où ça m'a un peu foutu les jetons, c'est qu'on a bien failli ne jamais les entendre, ses mélodies. Parce que Captain Kid, à la base, il voulait devenir Stanley Kubrick. Rien que ça. A Paris, il a fait des études de cinéma puis de philo. Et la musique dans tout ça? Il en avait fait au lycée pour faire comme les copains. "Pour les filles quoi". Puis il l'a mise un peu de côté. Mais il n'a jamais cessé de chanter. Sa voix, qu'il module avec aisance, se marie à merveille avec les notes idylliques du yukelele. "Non, le yukulele, c'était pas pour faire comme Julien Doré", précise t-il. Il a découvert l'instrument à la Cité Universitaire à Paris, en écoutant un groupe de musiciens brésiliens. "Je n'avais jamais vu cet instrument ou vraiment très peu. Je ne savais pas l'identifier en tous cas. Et j'ai vraiment adoré la sonorité, l'originalité du grain. J'ai couru m'en acheter un et depuis, j'écris les trois quart de mes morceaux pour le yukulele". Idée originale en tous cas qui apaise les oreilles et propulse immédiatement aux abords d'un lagon turquoise d'où émane, mêlée à la brise marine, une légère odeur de fleurs de tiaré.




Et puis il y a une autre raison qui fait que je l'aime bien, Captain Kid. Il suit son cœur. Il ne fait pas les choses parce qu'il faudrait ou parce qu'il devrait. Il est libre. Libre de voguer où bon lui semble, sans jamais dériver. Un gentil pirate en pantalon de velours et nœud pap' qui siffle des airs de Bob Dylan. Malgré les quotas imposés par les radios, il chante en anglais, parce que, techniquement, ça colle plus à son timbre de voix, à sa façon de chanter, que c'est plus musical. Il me dit qu'il a fait des essais en français, moins concluant. Mais qu'il n'est pas fermé à cette idée pour autant. Néanmoins, l'anglais lui vient plus naturellement quand il chante alors il ne se pose pas la question. Il ne calcule pas.

Pour en revenir à Bob Dylan, c'est une de ses chansons qui lui a inspiré son nom de scène. Il ne se rappelle plus du titre en question mais il se souvient que Bob Dylan y évoquait ses rêves, qu'il parlait d'un Captain Kid et que ce qui l'avait marqué, c'était ce mariage entre autorité et insouciance. "En fait, je me suis rendu compte en ayant le texte sous les yeux qu'il parle d'un personnage historique, Captain Kidd avec deux D. Qui était un mercenaire de la reine qui a trahi la couronne, qui s'est retrouvé pendu, qui a volé des trésors…". On s'égare un peu là non? Ben non en fait. Captain Kid veut rester un enfant et continuer de rêver.

Quand il parle d'amour dans ses chansons, ce n'est pas dégoulinant de bons sentiments. C'est plutôt un amour piquant. L'amour vache en quelque sorte. Sur le futur album, qu'il est en train d'enregistrer,  il me confirme qu'il y aura 13 morceaux. Sans superstition aucune. Il les a tous composé lui-même sauf un, Nolita, "qui a été composé par Jérôme Pichon ici présent. Jérôme Pichon, qui est également un très bon auteur compositeur et qui a aussi un projet solo". Il est cool Captain Kid. Il aime ses amis et ils le lui rendent bien. Il me parle de Greg aussi, le batteur, et de Julien qui était au piano ce soir et "qui a réalisé et arrangé quasiment l'intégralité du disque".



Pas de titre arrêté pour le moment pour le futur album mais un mot latin pour le premier opus Impedimenta, sortie en 2008 et entièrement auto-produit,  qui désigne ce qui empêche l'activité, le mouvement. Oui, arrêtons de courir et prenons le temps de savourer chaque moment en écoutant avec attention chacune de ces mélodies simples et évidentes, en se laissant imprégner de la magie de cet entre-deux.
Pas de dates arrêtées non plus pour une éventuelle tournée. C'est en train de se mettre en place. Chaque chose en son temps. Captain Kid est un "petit-à-petiste" qui sait apprécier chaque étape. D'ailleurs, ce soir, il sera dans Taratata. Alors du coup, c'est champagne!

En marchant jusqu'au métro, je repense à ma vie et je me dis que j'aimerais qu'elle ressemble pour toujours à ce moment, que j'aimerais garder longtemps cette savoureuse tranquilité. Car, on le sait tous, il suffit qu'un léger vent se lève pour que tout bascule dans la tempête et le brouillard. D'un autre côté, saurions-nous vraiment apprécier ces périodes de répit si la vie n'était pas, en règle générale, un tel bazar ? Pour moi, quand il chante, Captain Kid semble arrêter le temps. Les murs de la salle de concert disparaissent, les silhouettes autour de nous s'évanouissent. Ne restent que lui et son yukulele qui bercent tranquillement les minutes de mon existence. Comme dirait Bob Dylan "Le passé n'existe pas puisqu'il est passé. Le futur n'est pas encore là. En conséquence, il n'y a que le présent, puisqu'on y est". Alors merci à toi, Captain Kid, d'avoir si bien su saisir la fragilité de l'instant.

Captain Kid. Impedimenta. 2008.
Diffusion Taratata : 30/09/2011
Page Facebook
MySpace

lundi 12 septembre 2011

Un rêve éveillé

On dirait presque que le crissement des roues ressemble aux éclats des vagues qui s'éclatent sur les rochers. Ou que les alarmes des portes qui se ferment ne sont que le bruit de fond de la circulation lorsqu'on se trouve en bord de Seine dans un Paris illuminé. On dirait presque que l'accordéon désaccordé des musiciens qui font la manche se fond dans l'ingénieux assemblage des multiples instruments qui composent chaque morceau.
Une fois que l'on appuie sur Play, il suffit de fermer les yeux et c'est parti pour un merveilleux voyage.
Ce nom sent le narguilé à la pomme et les pâtisseries orientales. Ce nom donne envie de partir pour des contrées lointaines et ne plus jamais revenir. Ce groupe de musique folk américain est renversant, mélange de musique tzigane et de chanson française. Formé par Zach Condon, chanteur lyrique à la voix grave et envoûtante, génie multi-instrumentiste, il invente des albums bouleversants.

On dirait presque qu'ils ont utilisé tous les instruments qu'ils ont pu trouvé. On dirait qu'ils ont composé chaque chanson de cet album avec toute leur âme et tout leur cœur, tant chaque petite mélodie vous touche au plus profond de vous-même et vous éblouit.  Zach Condon, un artiste tourmenté, son accordéon au bras, vous hypnotise et vous enferme pour toujours dans un monde de sons beaux et délicats.
Ces sept albums sont une source de bonheur inépuisable. Une déclaration d'amour. Planant. Il n'y a pas un seul morceau à jeter. Ses mélodies mystérieuses brisent les parois d'acier du wagon et transportent bien au-delà des murs taggés et des affiches publicitaires.


On dirait un film d'époque romantique dans les Balkans. On dirait des robes de dentelles qui virevoltent. On dirait la fête d'un village à la campagne. La lumière blafarde devient mille loupiotes de couleurs accrochées dans les arbres un soir d'été. Ukulélé, accordéon, trompette, saxophone, mandoline…C'est un joyeux bazar qui se mêle au brouhaha ambiant. Mi-festifs, mi-mélancoliques, ces albums sont des ovnis qui flottent dans l'espace musical. Moi non plus, je ne suis plus de ce monde. Oubliez-moi…

Secousse brutale. J'ouvre les yeux. Je dois m'en aller.

Je suis dans le métro parisien, je dois reprendre mon quotidien et j'écoute Beirut.




Gulag Orkestar (2006)
The Lon Gisland EP (2006)
Pompeii EP (2007)
Elephant Gun EP (2007)
The Flying Club Cup (2007)
March of the Zapotec/Holland (2009)
The Rip Tide (2011)
Je me permets de citer une amie qui a trouvé les mots justes en publiant ce statut : "C'est bon, on a compris pour Amy. Toujours la meme chose avec Facebook.. Rip.. Et puis surtout ne rien changer de son comportement après. La drogue, ça tue, l'addiction aussi, c'est ça qu'il faut retenir et combattre, pour elle."