Qui êtes-vous ?

Parce que je me suis trompée d'époque, que j'aurais dû être noire et vivre à New York dans les 60... Parce que j'aurais dû être une chanteuse à la voix cassée et au passé douloureux qui a acquis la célébrité après de nombreux tumultes... Parce que j'aurais dû devenir une légende et qu'on raconte mon histoire... Plus simplement...parce que j'aime parler de la musique, la jouer, la chanter, la danser, l'écrire, la découvrir, la ressentir et la vivre. Bienvenue à vous et merci de me lire.

lundi 28 février 2011

Coup de foudre 2.0

On critique souvent Facebook. Vie privée trop exposée, espionnage de mémère, flicage entre collègues, entre ex, motif de licenciement, de ruptures ou d'embrouilles sans fin...Le plus grand réseau social est finalement comme tous les endroits de la planète : pas très safe.
Pourtant, qu'on y ait beaucoup ou peu d'activité, la majorité d'entre nous continue de fréquenter cet endroit peu recommandable. Et il arrive même qu'on s'y fasse de (faux) amis ou qu'on y trouve l'amour de sa vie.

Pour ma part, j'y ai fait récemment une rencontre qui m'a chamboulé l'esprit et bouleversé le cœur. Mon coup de foudre s'appelle Irma et elle a 20 ans. Messieurs, point d'enthousiasme déplacé ici, ce blog n'a pas pour but de vous faire part de mes émois sentimentaux.

Cette jeune camerounaise, qui a débarqué à Paris à l'âge de 15 ans, a passé son enfance à Douala, où elle s'est essayée à la musique avec une guitare délaissée par son père et appris à jouer du piano. Elle créé ses premières "compos". Puis, elle fait comme tout le monde, elle balance sur Internet. Et c'est là qu'elle se fait alpaguer par My Major Company, label communautaire créé par quatre mecs qui ont certainement eu l'idée musicale du siècle.




Le buzz a pris et ça n'a rien d'étonnant. On ne peut pas dire, en toute objectivité, que sa musique soit particulièrement originale. Mais elle est bonne. La musique hein. Un petit bijou soul/folk à la Ayo ou à la Norah Jones. Une belle voix, simple, qui ne triche pas. Et une prod musicale en béton derrière tout ça, grâce à l'ingé-son Henry Hirsch, qui a, entre autre, travaillé avec Lenny Kravitz.
Elle avait déjà fait les premières parties d'artistes comme Diam's, M, Tété, donné un concert sauvage dans le métro parisien à la station Concorde, ce qui a participé au buzz. Je ne serais pas étonnée de la voir sur tous les prochains plateaux TV. Elle sera d'ailleurs en concert le 15 mars au Café de la Danse. Bref, vous avez compris, elle va cartonner.

La petite avait déjà 5 morceaux en écoute sur le site de My Major Company. Son album, qui sort ce lundi 28 février, est une véritable bombe. Je l'ai d'ailleurs téléchargé sans hésitation aucune, sans même avoir pris la peine d'écouter tous les morceaux, ce qui ne m'arrive que très rarement.
Je me le passe en boucle depuis ce matin, tant il m'a manqué de n'avoir pas pu l'obtenir avant, l'écoute de ses 5 premiers morceaux m'ayant mis l'eau à la bouche. Et je vais certainement me le passer en boucle du matin au soir les 5 prochaines semaines parce que, vous vous en doutez, je ne suis vraiment pas déçue du reste.

Et puis le sourire lumineux et le look sans artifice de la jeune fille, contrastant avec son sens inné de la musique, ça change des Lady Gaga et consorts. Bien que, je tiens à le souligner, je n'ai absolument rien contre Lady Gaga. Mais Irma est quand même vachement plus belle.




Quoi vous dire de plus à part que j'aime, que j'adore, vraiment. Que Facebook peut être sacrément utile de temps en temps. Que vous devriez écouter, vraiment. Pardonnez-moi d'insister.
C'est le genre de mélodies qui donne envie de se lever le matin, que ce soit l'été, qu'on parte en vacances ou qu'on aille se balader sur les quais de Seine. Le genre de refrains qui donne envie de tomber amoureux, de se marier, de faire la fête, de se dire qu'on s'aime. Le genre d'album qui se range dans les "fondamentaux", celui dont on apprécie les 13 morceaux sans pouvoir choisir son préféré tant ils sont tous bons. Le genre d'album qu'on aurait voulu faire si on en avait le talent. Le genre de mélodies qui donne envie d'être heureux, tout simplement.

Irma. Letter to the Lord. 28 février 2011.

vendredi 25 février 2011

Le Cygne Rouge

Je rentre du cinéma. Je viens de voir Black Swan, le dernier film "coup de poing" de Darren Aronofsky. Le trajet en métro ne parvient pas à me faire oublier les images fortes qui m'ont poussé à me ratatiner sur mon siège. Pour me changer les idées, je décide d'écouter une nouvelle artiste dont j'ai entendu parler.
Pardon. L'Artiste que toute "l'élite du show-biz" encense : Anna Calvi.

Si je peux me permettre un conseil : quand on est une trouillarde finie comme moi, mieux vaut éviter d'écouter le premier album de l'anglaise, seule chez soi, après avoir regardé un thriller psychologico-horrifique sur grand écran. Autant se passer directement la BO de L'exorciste.
Je pensais pouvoir zapper de mon esprit la mélodie inquiétante du Lac des Cygnes mais Anna Calvi a fait plus fort que Tchaïkovski. Avec sa voix d'outre-tombe, elle m'a vraiment foutu les chocottes.

J'avais déjà jeter une oreille rapide à sa reprise de Piaf, Jezebel (qui est aussi une reprise d'un classique américain des années 50). Je n'avais pas spécialement accroché. Trop spécial justement. Cependant je notais quand même la particularité et la puissance de sa voix. Profonde et envoûtante. Celle que l'on compare à PJ Harvey et Jeff Buckley avait déjà éveillé mon intérêt...Sans provoquer de coup de foudre. Je restais sur cette impression que sa musique était vraiment trop décalée pour moi.

Je fais quelques recherches pour voir son minois, l'imaginant tout droit sortie de la famille Adams. Mais elle est bien plus terrifiante que ça :  regard translucide, teint diaphane et lèvres rouge sang. Un vampire.


Mais d'où sort-elle?

A 28 ans, cette jeune fille timide, qui pratique la musique dans son coin depuis toute petite, décide de se lancer dans le grand bain. Révélée au dernier festival des Inrocks, elle laisse éclater toute l'ampleur de son talent sur scène. Elle est auteur, compositeur et musicienne. Et aujourd'hui, ça pèse son pesant de cacahuètes.
Je lis ses interviews. "Sur scène, je suis plus courageuse, plus fière que je ne le serai jamais dans la vie de tous les jours. A tel point que lorsque je regarde une vidéo de moi sur scène, je vois parfois une étrangère".  Schizo Anna Calvi? Décidément...

Je me démaquille en laissant défiler l'album, sobrement intitulé "Anna Calvi".
Je sursaute en voyant apparaître Nathalie Portman, les yeux injectés de sang, dans le miroir de ma salle de bain. Brrr...
Quand elle crie "The Deviiiiiiil", j'ai l'impression d'assister à une cérémonie satanique. J'arrête avant la fin, elle me fiche vraiment la trouille.



Un nouveau jour se lève. Le soleil réchauffant mes glaciales pensées nocturnes, je réécoute - en entier cette fois - avec une furieuse envie de comprendre pourquoi les puristes, dont l'avis m'indiffère en temps normal, la portent aux nues. C'est reparti pour un tour de disque. Le tout est une belle montée en puissance. Son chant est théâtral. Je saisis l'essence de ses mélodies orageuses, me laisse emporter dans les méandres des chœurs inquiétants, toujours fortement impressionnée par sa voix caverneuse.
Dans cet album sombre, je découvre des pépites de lumière. C'est audacieux, insolent. ça n'est comparable à rien d'existant. Son album est un opéra "gothico-flamenco-rock" à lui tout seul. Une véritable création. Too much, me direz-vous. Mais Anna Calvi EST "too much". Paraît qu'elle s'est coupée du monde pendant 2 ans pour accoucher de son œuvre. La jeune fille frêle et timide se métamorphose en femme fatale incandescente quand elle chante. Et il me semble tout d'un coup normal que personne ne reste indifférent. Le phénomène musical de la décennie?

Anna Calvi. 17 janvier 2011.

lundi 7 février 2011

Une belle imperfection

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire.

Un peu déprimée à l'idée de fêter ma dernière année dans la vingtaine (si, si), je retrouve le sourire lorsque je découvre le nouvel album d'Asa dans une enveloppe molletonnée à mon attention. Un post-it jaune collé dessus, un joyeux anniversaire griffonné de la part de ma copine Juliette. Son mec bosse chez Naïve et s'occupe de la chanteuse nigériane. Un appel à Ju pour la remercier, le CD déposé sur le pouf fushia de ma chambre et la promesse faite à moi-même qu'il faut "Ab-So-Lu-Ment" que je l'écoute. C'était en novembre...

J'ai une tendance pathologique : la procrastination (pour reprendre ce terme devenu subitement tendance). En plus d'être une retardataire chronique, je remets tout au lendemain. Comme ce blog, que j'ai cessé d'alimenter après un premier post, comme beaucoup de choses que je laisse facilement tomber et qui pourtant me tiennent à cœur : un régime, un peu de sport, arrêter de faire craquer mes doigts...j'ai laissé cet album prendre la poussière sur mon pouf fushia.
A ma décharge, il faut dire que depuis l'avènement de l'I-Phone, je télécharge à fond. Légalement. Du coup le CD, on s'en fiche, mais on aime bien l'avoir quand même "pour le petit carnet à l'intérieur". Et puis ma vie parisienne trépidante..Je me donne des excuses. Un sentiment de culpabilité m'envahit lorsque j'aperçois la pochette un peu austère et le regard blasé de la chanteuse, figé par le photographe Jean-Baptiste Modino, qui me fixe derrière un verre de lunette brisé. Pas grave, ce sera pour plus tard. Quelle idée de créer un blog sur la musique quand on met 3 mois à écouter un album. Je ne suis pas parfaite mais je fais avec.

Petit saut dans le temps, on est en Janvier. Vive les RTT, je décide de faire un grand ménage de rentrée!
Je glisse enfin le fameux CD dans le lecteur DVD (je n'ai plus de chaîne Hi-Fi depuis des lustres).
Dès les premières notes de Why can't we, la voix suave d'Asa et son accent d'une étrange familiarité, original et fluide, me donne le peps nécessaire pour attaquer le monticule de vaisselle. Je me souviens de son premier album éponyme sorti en 2007 : Fire On the Moutain, Jailer, des rythmes reggae, des touches soul, folk, twist...Je ne suis pas déçue par cette ressemblance, j'avais adoré ce premier opus et j'en voulais encore, de son joli accent, de sa voix sucrée, de ses mots qui pétillent, légers comme du pop-corn. Cette chanteuse doit bénéficier d'un marketing de sympathie. J'ai l'impression de retrouver une vieille amie.


S'enchaîne l'entêtant Maybe, le titre efficace à 1500 rotations/jour en radio, dont je ne me lasse pas, puis Be my man où je virevolte avec mon balai en guise de micro, chantant à tue-tête au milieu du salon, telle une ado devant le miroir. Puis l'accalmie avec Preacher Man et la pop entraînante de Bimpé, en Yoruba, sa langue natale, aux accents un peu abrupts qu'elle parvient à rendre sensuel avec une facilité déconcertante. Elle chante comme elle respire. Je fais la poussière. On passe à The way I feel, un peu blues, un peu jazzy. Des trompettes et du piano soutiennent sa voix saupoudrée d'une légère reverbe. La balade qui suit, Ok ok, m'empêche de passer l'aspi. Ok, Asa a raison de moi. Dreamer Girl me fait rêver d'une balade en moto avec mon nouvel amoureux. Sur Oré, elle chante de nouveau en Yoruba. Cette fois, on dirait du babillage de bébé, petite berceuse murmurée. Je lâche mon balai, augmente le son et m'allume une cigarette. La fumée danse sur la mélodie soyeuse. Je laisse échapper une larme sur Baby gone lorsque sa voix se casse un peu, criant un amour perdu. Après la séquence émotion, les rythmes folks de Broda Olé envahissent de nouveau mon salon. Je me décide à continuer ce foutu ménage mais rien à faire. Le piano de Questions, la mélancolie de Bamidélé me cloue sur mon canapé. L'ensemble est un subtil métissage d'influences africaines, de pop européenne et de pure soul "ricaine". C'est simple, sans prétention et c'est finalement tout ce qu'on attend d'un bon album. 53 minutes plus tard, il est 19h. Tanpis. Je ne finirai pas le ménage aujourd'hui. On ne refait pas. Beautiful Imperfection. Sortie le 25 octobre 2010.