Qui êtes-vous ?

Parce que je me suis trompée d'époque, que j'aurais dû être noire et vivre à New York dans les 60... Parce que j'aurais dû être une chanteuse à la voix cassée et au passé douloureux qui a acquis la célébrité après de nombreux tumultes... Parce que j'aurais dû devenir une légende et qu'on raconte mon histoire... Plus simplement...parce que j'aime parler de la musique, la jouer, la chanter, la danser, l'écrire, la découvrir, la ressentir et la vivre. Bienvenue à vous et merci de me lire.

vendredi 25 février 2011

Le Cygne Rouge

Je rentre du cinéma. Je viens de voir Black Swan, le dernier film "coup de poing" de Darren Aronofsky. Le trajet en métro ne parvient pas à me faire oublier les images fortes qui m'ont poussé à me ratatiner sur mon siège. Pour me changer les idées, je décide d'écouter une nouvelle artiste dont j'ai entendu parler.
Pardon. L'Artiste que toute "l'élite du show-biz" encense : Anna Calvi.

Si je peux me permettre un conseil : quand on est une trouillarde finie comme moi, mieux vaut éviter d'écouter le premier album de l'anglaise, seule chez soi, après avoir regardé un thriller psychologico-horrifique sur grand écran. Autant se passer directement la BO de L'exorciste.
Je pensais pouvoir zapper de mon esprit la mélodie inquiétante du Lac des Cygnes mais Anna Calvi a fait plus fort que Tchaïkovski. Avec sa voix d'outre-tombe, elle m'a vraiment foutu les chocottes.

J'avais déjà jeter une oreille rapide à sa reprise de Piaf, Jezebel (qui est aussi une reprise d'un classique américain des années 50). Je n'avais pas spécialement accroché. Trop spécial justement. Cependant je notais quand même la particularité et la puissance de sa voix. Profonde et envoûtante. Celle que l'on compare à PJ Harvey et Jeff Buckley avait déjà éveillé mon intérêt...Sans provoquer de coup de foudre. Je restais sur cette impression que sa musique était vraiment trop décalée pour moi.

Je fais quelques recherches pour voir son minois, l'imaginant tout droit sortie de la famille Adams. Mais elle est bien plus terrifiante que ça :  regard translucide, teint diaphane et lèvres rouge sang. Un vampire.


Mais d'où sort-elle?

A 28 ans, cette jeune fille timide, qui pratique la musique dans son coin depuis toute petite, décide de se lancer dans le grand bain. Révélée au dernier festival des Inrocks, elle laisse éclater toute l'ampleur de son talent sur scène. Elle est auteur, compositeur et musicienne. Et aujourd'hui, ça pèse son pesant de cacahuètes.
Je lis ses interviews. "Sur scène, je suis plus courageuse, plus fière que je ne le serai jamais dans la vie de tous les jours. A tel point que lorsque je regarde une vidéo de moi sur scène, je vois parfois une étrangère".  Schizo Anna Calvi? Décidément...

Je me démaquille en laissant défiler l'album, sobrement intitulé "Anna Calvi".
Je sursaute en voyant apparaître Nathalie Portman, les yeux injectés de sang, dans le miroir de ma salle de bain. Brrr...
Quand elle crie "The Deviiiiiiil", j'ai l'impression d'assister à une cérémonie satanique. J'arrête avant la fin, elle me fiche vraiment la trouille.



Un nouveau jour se lève. Le soleil réchauffant mes glaciales pensées nocturnes, je réécoute - en entier cette fois - avec une furieuse envie de comprendre pourquoi les puristes, dont l'avis m'indiffère en temps normal, la portent aux nues. C'est reparti pour un tour de disque. Le tout est une belle montée en puissance. Son chant est théâtral. Je saisis l'essence de ses mélodies orageuses, me laisse emporter dans les méandres des chœurs inquiétants, toujours fortement impressionnée par sa voix caverneuse.
Dans cet album sombre, je découvre des pépites de lumière. C'est audacieux, insolent. ça n'est comparable à rien d'existant. Son album est un opéra "gothico-flamenco-rock" à lui tout seul. Une véritable création. Too much, me direz-vous. Mais Anna Calvi EST "too much". Paraît qu'elle s'est coupée du monde pendant 2 ans pour accoucher de son œuvre. La jeune fille frêle et timide se métamorphose en femme fatale incandescente quand elle chante. Et il me semble tout d'un coup normal que personne ne reste indifférent. Le phénomène musical de la décennie?

Anna Calvi. 17 janvier 2011.

1 commentaire:

  1. Très beau papier qui donne sacrément envie d'écouter... ce que j'ai fait :) Perso j'accroche pas du tout, mais je reconnais que l'œuvre de la demoiselle dégage quelque chose. Je la verrais bien signer la BO d'un film 70's ou d'un Tarantino :)

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