Qui êtes-vous ?

Parce que je me suis trompée d'époque, que j'aurais dû être noire et vivre à New York dans les 60... Parce que j'aurais dû être une chanteuse à la voix cassée et au passé douloureux qui a acquis la célébrité après de nombreux tumultes... Parce que j'aurais dû devenir une légende et qu'on raconte mon histoire... Plus simplement...parce que j'aime parler de la musique, la jouer, la chanter, la danser, l'écrire, la découvrir, la ressentir et la vivre. Bienvenue à vous et merci de me lire.

vendredi 10 juin 2011

Les bouffons de cour

Parmi toutes les atrocités de ce monde, beaucoup de choses honteusement futiles m'agacent. Une mémé qui me passe devant aux caisses du Franprix. Une rivière d'enfants qui envahie le métro. Un accordéoniste qui m'empêche d'écouter mon artiste préféré en m'infligeant une regrettable reprise d'Edith Piaf. Un escalator en panne, les banques fermées entre midi et deux, et j'en passe…
Mais il y a une chose qui me révolte par-dessus tout et que je ne m'explique pas. C'est, qu'aujourd'hui, tout le monde se croit capable de faire de la musique.

Je développe.

Dimanche dernier, lovée dans les bras de mon cher et tendre à regarder d'un œil endormi le dégueuli du week-end proposé par les chaînes de télévision, je sursaute soudain en voyant Shauna Sand, star-fuckeuse de profession, parler de son nouveau single.
Souvenez-vous…Shauna Sand, playmate blonde peroxidée, ex-femme de Lorenzo Lama, dit le Rebelle (et j'avoue, fantasme de mon adolescence), accessoirement ex-femme de Romain, une tête-de-nœud qui avait participé à Secret Story, et qui s'est fait connaître en ayant l'idée ô combien originale de balancer sa sex-tape sur le net. Cette même Shauna Sand est, impunément et sous nos yeux, en train d'enregistrer une chanson d'un sous-style techno-dance au titre éloquent qui, d'ici peu, va envahir les clubs et les ondes, et sur laquelle elle pourra se trémousser en agitant ses mamelles siliconées, sous le regard libidineux des veaux qui la materont. Si vous voulez vous rincez l'œil, cliquez donc sur le lien ci-dessous…




Juste après avoir assister impuissante à ce massacre auditif, je vois apparaître à l'écran notre star-fuckeuse à nous, Loana, bouffie et suintante, accompagnée de son nouveau petit ami, un sosie d'Elvis d'une ringardise absolue, bouffi également, dans un studio d'enregistrement en train de fredonner telle Carla Bruni dans les alvéoles d'un micro suspendu. Et là, interview de son producteur (dont je ne me rappelle plus le nom et c'est aussi bien) qui y va de ses comparaisons avec Jane Birkin et consors. Pour le corps de sylphide, on repassera.
Et là, je pose la question : comment en est-on arrivé là ?
Bon sang, que s'est-il passé pour que la musique, qui est un des arts les plus difficiles à pratiquer, devienne tout à coup une sorte de faire-valoir dont n'importe quel abruti ou bimbo au rabais peut se servir pour accéder à la notoriété et éventuellement se remplir les poches ?

Oui, comment en est-on arrivé là?
Est-ce la faute des maisons de disque? A un moment donné, les majors ont arrêté d'investir dans le développement d'un artiste et se sont dit qu'ils feraient sûrement plus de fric en produisant des one-shots. Moins d'investissement, plus de gains. Avec la crise du disque, ça arrangeait tout le monde, sauf nos oreilles. Merci à eux pour toute la daubasse qu'on a entendu et qu'on continuera à entendre. D'autant que ça n'a pas sauvé le marché, bien au contraire.

Est-ce la faute de la télé-réalité? Du jour au lendemain, d'illustres inconnus se sont retrouvés adulés par les foules. Le concept Star Academy, malgré la formation accélérée et soutenue que recevait les candidats, n'a prouvé qu'une seule chose, c'est que le talent ne s'apprend pas.

Est-ce la faute du public? De la société de consommation? De Sarkozy ? Des Américains? Du progrès ? De Ben Laden? De Dieu? Je m'insurge, je me révolte, je refuse qu'on appelle ces gens des artistes. Je refuse qu'on massacre un art ou qu'on le dénature, qu'on le sacrifie à la seule botte du profit, de la célébrité éphémère, de l'égocentrisme puéril pour mettre en avant et ériger en modèle des personnalités vides et grotesques.
Là, je parle de musique. Mais c'est pareil pour la littérature ou le cinéma. Avez-vous sincèrement envie de lire les mémoires d'Amélie de Secret Story 4? Tout le monde se croit capable d'écrire et tout le monde pense sa vie plus intéressante que celle des autres, son mal-être plus important, son passé plus lourd etc…Pour ma part, au risque de passer pour une personne tyrannique et despotique, je pense simplement qu'il y a des choses qui devraient être interdites d'accès à certaines personnes. Quand on ne sait pas chanter, on ne chante pas. Point. C'est un peu comme si quelqu'un qui n'était pas dentiste voulait vous arracher une dent…



Je vais essayer d'aborder le sujet Christophe Maé sans m'énerver. Ce mec cartonne, c'est un fait et je n'y peux rien. Mais comment arrive t-il à toucher autant de monde avec sa voix nasillarde, ses gimmicks atroces, son Franglais dégueulasse et ses mélodies creuses? Souvent, quand je l'entends à la radio, je me dis que je préfèrerais être sourde. Le public a t-il vraiment des goûts de chiotte ou a t-il été perverti par le système? J'en arrive à me dire, pour me consoler, qu'à force d'écouter de la sous-qualité, on finit par s'y habituer, voire même à l'apprécier. Un peu comme les cordons bleus de la marque Dia ou les yaourts Lidl.  Moi, je n'ai rien contre ce mec. J'aimerais juste qu'il la ferme.

Ceci dit, je suis parfaitement consciente que le simple fait de cracher mon venin ne changera pas la face du monde. Alors puisque c'est parfaitement inutile, comme tout le reste, pourquoi s'en priver…
Après tout, la musique est un art dont l'un des buts principaux est de divertir. Depuis toujours, clowns et bouffons se succèdent pour amuser, en chantant, en dansant, en poétisant.
Alors, je dois tout de même reconnaître un certain talent à tous ces gens : ils ont le mérite de nous faire rire. Certes, à leurs dépens. Mais ce n'est pas rien.






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